INSTALLATION A LA BAULE

Marie Adélaïde se réveilla tôt le matin. Elle avait dormi d'un sommeil profond. Le long voyage de la veille l'avait beaucoup fatiguée et l'air marin avait apaisé ses inquiétudes. L'atmosphère tranquille qu'elle avait trouvé en France en arrivant l'avait rassuré et l'ambiance calme, hors de toute agitation qu'il semblait régner à La Baule avait un effet apaisant.

En dehors de la saison estivale la baie est calme, seule l'école de voile du Pouliguen, commune limitrophe reste ouverte. Elle y reçoit des scolaires, des jeunes qui poursuivent leurs études dans une section sport études dans un lycée de la ville, et quelques adeptes du kyte, du wing et de la planche à voile lorsque les conditions météorologiques sont favorables.

Mais ce matin seuls deux petites embarcations de pêcheurs tentent de remonter quelques bars proche du phare des impairs.

La mer est calme par rapport à ce qu'elle a pu observer hier soir en arrivant. Elle resta un long moment accoudé sur l'appui de fenêtre tantôt éblouie par le soleil lorsque les cumulus laissaient s'échapper quelques puissant rayons.

Une nouvelle journée débutait, elle prit conscience qu'il lui faudrait ranger les quelques affaires laissées dans sa valise et songer à acquérir quelques vêtements plus adaptés à la saison, car ceux laissés dans les armoires depuis la saison passée ne sont que ceux qu'elle porte en été.

Il lui faudra également se rendre au marché car s'il reste une demi boite de café de la saison dernière, elle devra se contenter de quelques biscottes non mangées durant le voyage en guise de petit déjeuner.

Elle venait de faire quelques pas dans l'avenue conduisant au centre de la ville après avoir refermé le portillon lorsqu'une voix connue mais qu'elle mit un court instant à resituer l'interpela :

- "Marie-Adélaïde, vous étiez là, mais je ne le savais pas"

Elle se retourna et reconnu Victor, un ami qui résidait à La Baule depuis qu'il était à la retraite. Il habitait à deux maisons de celle qu'elle occupe et accepte de lui rendre quelques menus services lorsque durant la mauvaise saison elle retourne vivre à Milan.

- "je ne suis là que depuis hier soir" lui répondit-elle en s'approchant de lui pour échanger une habituelle embrassade.

-"Tu sais que ce que nous venons de faire est très déconseillé en ce moment, les consignes du gouvernement sont maintes fois répétées, il faudrait vraiment que nous les appliquions" lança Victor en reprenant un peu de distance.

- "Tu as raison" répondit Marie-Adélaïde, "tu sais qu'à Milan presque tout le monde porte des masques et évite de toucher tout ce qui est autour de soi, il paraît que le microbe se diffuse ainsi"

- "c'est vrai, on nous dit la même chose ici, mais nous sommes tellement habitués à se serrer la main et embrasser les personnes proches qu'il faut vraiment lutter contre ce réflexe. Enfin, nous ne sommes pas au point de ce qui vous arrive en Italie, heureusement.

- "Oh oui, j'espère que cela ne vous arrivera pas, c'est vraiment trop stessant"

- "Mais, tu n'as pas eu de problème pour venir ? Il paraît que votre pays est bloqué, qu'il faut une autorisation pour circuler..."

- "C'est pour ça que je suis venu ici, je me suis pressée de partir avant que le système soit mis en place, sinon j'étais bloquée là bas... Ici au moins il n'y a rien"

- "Pour le moment..;" lança Victor, perplexe.

Il venait d'entendre aux informations du matin qu'un grand rassemblement d'une secte avait été un important foyer de contamination dans l'est de la France. Les participants venaient des "quatre coins de l’hexagone" et plusieurs étaient contaminés. La crainte était de voir naître quantité de foyer si bien qu'il serait très difficile d'éviter la propagation.

Alors que Marie-Adélaïde poursuivait son chemin, Victor rentra précipitamment chez lui. Il se lava les mains, puis décida de prendre une douche, soudain il réalisait que le contact qu'il venait d'avoir pouvait avoir de lourdes conséquences puisque Marie-Adélaïde était encore la veille en Lombardie, zone la plus contaminée et que, malgré tous les messages entendus à la radio et lus dans la presse, il vait totalement oublié les précautions élémentaires tant il avait été surpris du retour de son amie.